Des Doctoriales à l'emploi

Le témoignage de Nelly,

Bonjour,

Je profite de cet e-mail pour vous donner de mes nouvelles... mieux vaut tard que jamais !

Rappel chronologique sur ma démarche "d'insertion professionnelle" :

- Avril 2006 : Doctoriales à Agay (au sein de la "F Team" bien sûr, et de son projet innovant de "compteur d'eau pour la douche" !!)

 Je me posais déjà des questions sur l'après-thèse, je sais que je vais devoir décider de me lancer ou non dans des recherches de financement pour des post-doc, définir ou non les prochains projets de recherche, préparer au mieux le retour d'un éventuel post-doc pour les concours de recrutement... En fait je sais quasiment déjà que la recherche publique n'est pas pour moi, mais la question est de savoir si je veux partir plusieurs années à l'étranger pour revenir avec un profil plus international pour postuler dans le privé. Est-ce que je sera "crédible" juste après ma soutenance, programmée en Sept 2007 ?

 >> La réflexion menée aux Doctoriales se poursuit au fil des mois suivants.

- Oct 2006 : je commence officiellement ma 3ème année de thèse, non sans appréhension pour mon "avenir" (j'ai tout juste 1 an pour construire et valider mon "projet professionnel"), mais avec la conviction que je ne m'oriente pas pour une carrière publique, ni une carrière de chercheur conventionnelle dans le privé. Je me vois plutôt en "appui à la recherche", avec des fonctions en gestion de l'information, veille scientifique... Je regarde aussi du côté de la valorisation de la recherche, du financement de l'innovation... autant de choses potentiellement intéressantes, permettant de conserver un lien étroit avec la recherche appliquée, mais pour lesquelles je manque d'idées concrètes.

 Je commence alors une veille active sur les offres d'emploi publiées, afin de voir les profils demandés, identifier les sites qui diffusent les offres qui m'intéressent (et demandent un profil me correspondant) et mettre en place une veille active sur toutes ces sources d'informations !

  >> On ne peut pas prétendre vouloir faire de la veille scientifique sans faire une veille "emploi" efficace...

- Déc 2006 : je m'inscris à "Docteurs en marche", les sessions se déroulent sur Palaiseau une fois par mois (sud de Paris, à l'X) alors que mon labo est à Lyon, mais mon conjoint vient tout juste de débuter un emploi sur Chartres, ce qui me rend mobile plus fréquemment dans cette direction ! De plus, on me propose des bilans téléphoniques et autres échanges me permettant d'intégrer la dynamique du groupe déjà en place.

 Les échanges des 1ers ateliers et les bilans ponctuels de ma recherche me permettent de restructurer ma recherche, d'essayer de focaliser les types d'industries (priorité au pharma avec un background de biologiste ?)... bref, de ne pas me noyer en lançant des pistes dans tous les sens !!

 >> Le message clé que je retiens : ne pas hésiter à faire jouer le réseau, s'informer en direct auprès des professionnels (sans demander de poste), solliciter des entretiens informels (toujours sans demander de poste...). En clair, élaborer une démarche pro-active permettant de mieux connaitre les réalités et besoins, pour ensuite être crédible lors des entretiens : connaître le marché.

- début Fév 2007 : je repère "l'offre de mes rêves" au sein du centre R&D mondial d'un grand groupe agro-alimentaire (français, proche de Paris, mais à distance raisonnable de Chartres), il s'agit d'un CDD (remplacement congé maternité), avec possibilité de CDI à la clé.

 N'ayant pas terminé ma thèse, je me vois difficilement postuler pour un CDD de quelques mois seulement (durée non précisée). Néanmoins, je me permets de solliciter un rdv informel auprès de la responsable du service, pour mieux connaitre leurs attentes, en général, pour ce type de poste, avoir un retour sur mon profil, bref, échanger (et qui sait, un CDI pour sept

2007 m

'irait plutôt très bien, mieux vaut me faire connaitre d'une manière ou d'une autre : je glisse mon CV en pièce jointe pour motiver l'entrevue informelle...) !!

- mi-Fév 2007 : Atelier "Corporate personal presentation" (ABG)

 Je me suis inscrite à cette formation qui prépare spécifiquement aux entretiens d'embauche, en anglais, et met l'accent sur la crédibilité ("donner des exemples précis et concrets de nos réalisations, en mettant l'accent sur les compétences qui intéressent les entreprises"). En prime, je ressors pleine d'assurance sur ma capacité à faire passer des idées en entretiens.

- fin-Fév 2007 : Je suis convoquée en entretien, officiellement, pour le poste en CDD.

 J'y vais, surtout pour voir, me demandant s'il n'y a pas erreur (je n'ai fait aucune lettre de motivation !)... mais non, il s'agit d'un CDD de 9 mois, mon profil et ma démarche les intéressent !

- mi-Mars 2007 : Ma candidature a été retenue, je commence une nouvelle aventure !

 Concrètement : j'ai démissionné de mon contrat de thèse, en accord avec mes responsables (labo + DGA), et je m'engage à soutenir ma thèse coûte que coûte ! >> Objectif initial : soutenir avant fin-2007 pour ne pas se réinscrire, en 4ème année.

.......

- Mai 2008 : Je donne de mes nouvelles, enfin, petit bilan des événements de l'année écoulée !

J'ai terminé mon CDD au sein de la R&D du groupe agro-alimentaire fin novembre 2007, aucun poste en CDI n'ayant pu être créé finalement (restrictions budgétaires... réorganisations), mon intitulé de poste était 'Scientific Knowledge Manager'.

J'étais donc de nouveau en recherche (très) active dès le mois d'août 2007. Ma candidature a tout d'abord été retenue (suite à une candidature spontanée, qui a précédée de quelques semaines la diffusion d'une offre en ligne) pour un poste de 'Chargé de Veille Technologique' au centre R&D d'un Groupe international "spécialiste des gaz pour l'industrie et la sante" (français, non loin de mon précédent poste). J'ai finalement terminé 2nde dans le processus de recrutement, pour un seul poste à pourvoir, après plusieurs entretiens étalés sur un peu plus de 2 longs mois... je suis restée sur la note positive de ma crédibilité pour un domaine non biologique (et non agro-alimentaire) mais plutôt 'techniques de l'ingénieur'.

 J'ai donc profité du mois de décembre et du début de l'année 2008 pour boucler ma thèse (si si...), que je devrais ENFIN soutenir courant septembre ou octobre, si nous parvenons (enfin) à fixer une date rapidement.

La période du début d'année a été on ne peut plus calme question offres d'emploi, et c'est finalement reparti fin janvier, avec une offre de 'Scientific Information Analyst' au centre R&D d'un Grand groupe de l'industrie du Tabac (en Suisse), puis fin février avec une offre de 'Veilleur - Analyste Scientifique' au centre R&D d'un Grand groupe spécialsite en dermatologie dans le Sud de la France (ciblant très spécifiquement un bac+8). Ma candidature a été retenue pour les 2 processus de recrutement, et j'ai eu une proposition d'embauche en Suisse avant mon 1er entretien dans le Sud de la France... me voici donc en Suisse depuis le début du mois de Mai (sans tous les jours fériés français...) !

Il est encore beaucoup trop tôt pour établir un bilan de ma 'reconversion' professionnelle, mais il est clair que mon profil intéresse les entreprises qui ont des centres d'information très développés au service des chercheurs et que je touche aussi bien à des problématiques d'intelligence économique, de knowledge management, qu'à des problématiques de ressources biblio ou brevets : c-a-d des projets vraiment très très variés.

 Je ne regrette aucunement mon choix, d'avoir opté pour une autre orientation professionnelle, et encore moins d'avoir pris le risque de m'éloigner de ma thèse avant de l'avoir bouclée, même s'il était très difficile de travailler dessus en parallèle.

 Les 9 mois d'expérience du CDD dans l'agro-alimentaire m'ont clairement permis d'être totalement crédible pour les entretiens qui ont suivi !

 Mes activités quotidiennes et les projets que je dois mener m'intéressent définitivement, je suis loin de m'ennuyer, je touche à plusieurs problématiques scientifiques... c'est très stimulant et motivant ! La structure d'un grand groupe me convient assez bien je trouve.

Avec mon conjoint, nous avons certes pris la décision d'être géographiquement mobiles (de Lyon à Chartres, puis de Chartres en Suisse), j'ai d'abord suivi mon conjoint et c'est à son tour de le faire (fort de ses 18 mois d'expérience). A chaque fois il faut compter quelques mois de séparation avant d'être de nouveau au même endroit, mais c'est sans doute le prix à payer pour avoir tous les deux un poste intéressant (et en évitant Paris).

  Je pense que c'était judicieux de ne pas risquer une trop longue période d'inactivité sur Chartres après mon CDD de 9 mois (i.e. d'élargir rapidement géographiquement ma recherche d'emploi), ne trouvant rien dans mes cordes ni correspondant à mes aspirations en région Centre, et ne voulant pas non plus passer plus d'1h30 dans les transports ou les bouchons pour aller sur Paris intra-muros... Je risquais de perdre le bénéfice de l'expérience réussie, et j'ai quand même eu une période de 5 mois au chômage, en ayant commencé à chercher de nouveau 4 mois avant la fin de mon CDD : on peut considérer qu'il m'aura fallu 9 mois en tout pour décrocher un CDI...

 Question géographie, la Suisse offre une bonne qualité de vie, de beaux paysages et du bon chocolat, et vraisemblablement de bonnes opportunités professionnelles pour mon conjoint. Il a démissionné et il a droit à une période de chômage puisqu'il me suit en mobilité (réduite à 3 mois au lieu de 2 ans parce que nous sommes à l'étranger) : il sera en Suisse dès Sept 2008, il a déjà pris des contacts pour des entretiens éventuels...

Pour la question du choix de l'entreprise (industrie du tabac), je ne fume pas et je suis plutôt totalement contre la cigarette et ses méfaits sur la santé, et je l'ai exprimé lors de mon dernier entretien (1er entretien au téléphonique - tous les entretiens se sont déroulés en anglais). J'espère que mes valeurs ne se heurteront pas à la politique de l'entreprise, j'avoue avoir hésité ne serait-ce qu'à postuler, mais j'ai fait le choix de faire confiance à la nouvelle stratégie de l'entreprise, et en particulier de la communication R&D (développer des produits le moins toxique possible), et si finalement cette entreprise ne me correspond définitivement pas, il sera toujours temps d'ici quelques mois de me lancer à nouveau en recherche active pour trouver un autre poste, en valorisant cette expérience supplémentaire !

Je pense qu'il serait trop tôt pour une participation aux Doctoriales cette année, ne serait-ce que parce que je n'ai toujours pas soutenu ma thèse (...), mais je serai ravie de pouvoir venir échanger avec les nouvelles promotions de doctorants au cours des prochaines années. Je milite déjà au sein de mon laboratoire pour sensibiliser nos étudiants actuels, il est vrai que mon parcours n'est pas des plus typiques, mais c'est certain : il y a une vie après la thèse, pour peu qu'on se donne la peine de s'y préparer.

A bientôt,

Nelly.